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patchworkman's blog
7 janvier 2009

TRASH (Novembre 2008)

Vu à la télé

TRASH (Novembre 2008)

Tout d'abord, une bonne et heureuse année à tous, pleine de bons films et de bons livres, avec des DVD et des comics comme s'il en pleuvait, tout cela donnant lieu bien sûr à de belles chroniques tartinées avec passion ou, à défaut, à des commentaires inspirés - on ne dira jamais assez ô combien vos commentaires, ainsi que les débats passionnés qu'ils occasionnent parfois, sont motivants pour nous autres blogueurs... Longue vie donc à nos blogs respectifs, pour ceux qui en ont, et quant aux autres, je compte sur eux pour me raconter un peu ce qu'ils ont trouvé dans leurs groles, en cette période où c'que ça sent le sapin! Votre serviteur, lui, commence l'année en retard, comme d'hab, avec les films "Trash" de Novembre 2008, qui nous proposent un authentique chef-d'oeuvre oublié, suivi de deux petites de perles de kitsch british dont vous trouverez ici le pitch, comme disait Nietzsche - vous affolez pas, c'était juste pour la rime!

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LE MORT-VIVANT (Dead Of Night)

de Bob Clark (1974)

Voilà un putain de bon Dieu de film génial qu'il était urgent de ressortir des oubliettes où il se trouvait confiné, un vrai festin pour les "trashmen" friands de bizarreries en tous genres, et qui pourrait constituer à lui tout seul un manifeste de cette déviance qui sert de critère à toutes les incongruités cinématographiques programmés chaque vendredi soir sur Arte. Film inclassable par définition, en ce qu'il brasse les thématiques et les genres avec une habileté diabolique, "Le Mort-Vivant" s'avance masqué. D'ailleurs, s'agit-il vraiment d'un "film de zombie"? Si son budget modeste, son esthétique volontiers trashy et un argument de base rapidement transcendé peuvent entretenir un certain malentendu - que l'auteur cultive par ailleurs assez pernicieusement - ce troisième film du Bob Clark (1) est loin de se résumer à ce pour quoi il se donne, ni au titre sous lequel son distributeur français l'a diffusé (2), prouvant par là qu'il n'en avait pas compris grand chose - à supposer qu'il l'ait seulement visionné… Car dans la longue cohorte des imitateurs plus ou moins doués d'un Romero qui n'a jamais cessé de donner le ton, de la sortie de "La Nuit des Morts-Vivants" (1968) à nos jours, on compte sur les doigts d'une main les "zombies-movies" à s'être vraiment affranchis des codes romériens pour explorer des voies inédites. "Le Mort-Vivant" fait indubitablement partie de cette catégorie, à supposer bien sûr qu'il s'agisse bien d'un film de zombie et là, comme nous allons le voir, ça n'est pas gagné… Bob Clark et son brillant scénariste Alan Ormsby semblent d'ailleurs avoir pris le parti de déconcerter le spectateur en proposant une structure en forme "de millefeuilles", une sorte de palimpseste thématique qui superpose plusieurs niveaux de lecture s'articulant parfaitement les uns aux autres et inscrits dans un mélange de genres nous maintenant dans une indécidabilité permanente. Le tout en adoptant une forme de narration et un rythme assez provocateurs, pour ne pas dire délibérément rébarbatifs, du moins dans le contexte d'un film fantastique. S'ouvrant dans une ambiance mélodramatique d'une sécheresse de ton absolument hallucinante, le film nous confronte à l'anéantissement d'une famille de gens modestes auxquels on vient annoncer la mort du fils dans le bourbier vietnamien. Atmosphère pesante, rythme lancinant, décors minimalistes, score désintégrant toute structure musicale tonale et ponctué des grincements lancinants d'un rocking-chair, mise en scène réduite à l'essentiel et s'ancrant dans une quotidienneté des plus triviales, tout nous emmène aux antipodes du spectacularisme des monster-movies traditionnels. L'élément fantastique va s'insinuer lentement dans cette désespérance dépressive, sans le moindre coup de théâtre: d'abord avec une mère qui sombre dans la folie du déni de réalité et qui continue à dresser la table pour son fils qui va rentrer incessamment, elle n'en doute pas… Tandis qu'elle babille avec un enjouement fissuré afin de tenir l'inadmissible à distance, seul lui répond le silence ponctué de regards accablés échangés par le père et la fille, dans lequel résonne lugubrement le bruit des couverts. Puis c'est un soldat mutique et inquiétant qu'un routier prend en stop… Le fils en grand uniforme de héros réapparaît bientôt sur le seuil de la demeure familiale et, tandis que la maisonnée résonne des cris de joie, le réalisateur sadique nous fait découvrir le cadavre du camionneur… Dès lors, si le film développe une ligne narrative "de surface" qu'on pourrait sommairement décrire comme "un mort-vivant sortant de sa tombe et assassinant les vivants afin de se nourrir de leur sang pour préserver une intégrité physiologique problématique" (ce qui constitue, je m'empresse de le préciser, un niveau de lecture au ras des pâquerettes), ce long chemin parsemé de cadavres va brasser une quantité phénoménale de thèmes, superbement mêlés les uns aux autres. Ainsi, au détour d'un assassinat, le film envoie sans crier gare une charge militante avec un cynisme à couper le souffle, notre infortuné héros lançant à l'adresse de ses victimes ce terrible slogan: "Je suis mort pour vous, votre tour est venu de mourir pour moi!" On songe quasi immédiatement aux soldats-zombies de Joe Dante dans "Vote ou crève" - l'un des meilleurs épisodes de la série TV "Masters Of Horror" (3) - qui sortaient de leur tombe pour venir voter contre l'engagement des troupes dans le conflit irakien - et je ne serais pas surpris outre-mesure de retrouver "Le Mort-Vivant" parmi les films de chevet du papa des "Gremlins"! Et ça ne s'arrête pas là: le "Taxi Driver" de Scorsese, tourné deux ans plus tard et avec son viet-vet cherchant pareillement une réponse à l'absurdité vietnamienne dans un déchaînement de violence, vient immédiatement derrière, ouvrant la bonde à toute la vague de films post-Vietnam qui vont forcer l'Amérique à regarder ses démons en face. Honnêtement, le personnage campé par De Niro n'est-il pas un semblable "mort-vivant", cherchant la sérénité et la rédemption dans le sang? Tout bien considéré, le film de Bob Clark, sous sa défroque de B-movie tourné à l'arrache, ne s'avère pas seulement précurseur, mais franchement visionnaire, et ce par plus d'un aspect. Par exemple, traiter du thème du zombie sous un angle avant tout pathologique (au sens médical du terme) est également une première. Romero lui-même saura s'en souvenir (4) lorsqu'il appliquera le même traitement au vampirisme avec son "Martin", tourné en 1977 et qui empruntera au film de Clark l'instrument même par lequel s'actualise le rite vampirique: une seringue. En effet, dans "Le Mort-Vivant", le "zombisme" - de même que le vampirisme dans le film de Romero - n'est pas décrit comme monstrueux, mais comme valétudinaire. Qu'on le considère sous l'aspect d'une dégradation physique irréversible ou sous celui de l'addiction (évoqué au travers du recours à la shooteuse), c'est plus notre compassion que notre dégoût qui se trouve sollicitée. Le héros zombifié de Clark se fait dès lors le porte-parole de tous les viet-vets revenus des rizières réduits à l'état de junkies ou psychologiquement perturbés, et dont le retour au pays sera le point de départ d'une inéluctable et interminable déchéance physique et sociale, dont la zombification devient ici la métaphore évidente, dans le contexte d'une indifférence générale. Dans "Le Mort-Vivant", l'inscription de cette déchéance dans le contexte de la cellule familiale, qui s'en trouve contaminée, prend une dimension supplémentaire: celle de l'incontournable culpabilité développée face à l'impuissance que peuvent éprouver ceux à qui échoit la terrible responsabilité d'accompagner jusqu'à sa fin une personne gravement malade, et dont l'intégrité physique se dégrade inexorablement. En quoi j'ai été tenté de comparer "Le Mort-Vivant" à "La Gueule ouverte", premier film de Pialat qui traite précisément de cette culpabilité face au cancer, ainsi d'ailleurs que de tout le corpus des sentiments, aussi douloureux que paradoxaux, éprouvés dans le contexte pénible d'une mort annoncée. Mieux: par extrapolation, on imagine facilement la résonance que peut prendre la vision du film de Clark dans les années post-SIDA, et l'on s'en fera une idée plus précise avec cet autre OVNI du genre qu'est "Moi, Zombie - Chronique de la Douleur" (1998) d'Andrew Parkinson (ça ne s'invente pas!), seule autre oeuvre à ma connaissance à aborder le "zombisme" sous un angle purement pathologique, et ce avec une crudité graphique qui n'a d'égale que l'horreur psychologique qui la sous-tend. Car le héros de Parkinson a cela de commun avec celui de Clark qu'il a une conscience aiguë de son état désespéré (et c'est d'ailleurs ce qui démarque irrévocablement ces deux films des "zombie-movies" traditionnels et de leurs créatures décervelées), sauf que, circonstance aggravante, le zombie de Parkinson crève tout seul (et interminablement!) dans son coin, ce qui fait de cette oeuvre épouvantable une sorte de one-man show de l'horreur physique et mentale. Mais revenons-en à notre "Mort-Vivant", et à cette "culpabilité familiale" qui en est le thème le plus marquant, en ce que la maladie ne compte rien moins parmi ses symptômes qu'une longue série de meurtres. Plus ou moins "justifiés" comme autant de sacrifices ayant pour fonction de ralentir, sinon d'enrayer, l'inéluctable pourrissement de notre cadavre sur pied, les meurtres renvoient à une culpabilité familiale qui trouve sa source dans une forme de complicité objective, fruit d'un écartèlement cornélien dans lequel la pseudo-vie du fils est mise en balance avec la préservation des vivants. Ce n'est que lors de la séquence finale, à la fois terrible et magistrale, que l'on comprendra à rebours que le "malade" et le meurtrier n'étaient pas celui qu'on pense. Dès lors, on n'aura plus qu'une envie: celle de s'offrir dans la foulée une seconde vision du film, rétrospectivement et à la lumière de ce twist final. L'on en sortira ébahi par l'exceptionnelle richesse, à la fois formelle et thématique , de cette modeste série B dont on n'aurait pas donné deux sous, et surtout par sa rigueur d'écriture qui confine à la perfection. Le spectacle de cette mère qui retient au bord de la tombe son fils cherchant à s'enterrer, comme le bordant dans son lit une dernière fois pour faire le deuil d'une réalité à la fois insupportable, alternative et fantasmatique, résonne longtemps avec des échos de tragédie grecque, dans laquelle la catharsis coïncide avec la pire des connaissances. Le réel va pouvoir reprendre ses droits, et il ne sera pas beau à voir...

Notes:

(1): ...derrière "Children Shouldn't Play With Dead Things" (1972) et "Black Christmas" (1973). La carrière de Bob Clark en tant que cinéaste horrifique surdoué atteindra son apogée en 1979 avec le très cauchemardesque "Meurtre par Décret", de loin la meilleure variation sur le thème maintes fois exploité de "Sherlock Holmes contre Jack L'Éventreur". C'est également le dernier bon film de Clark, qui accumule les pires merdes depuis le début des années 80.

(2): En fait, le titre le plus pertinent sous lequel le film fut exploité est celui de sa première ressortie aux States: "Deathdream". Par ailleurs, ce film qui ne déparerait pas dans les ciné-clubs et autres salles "art et essai" a connu une carrière des plus erratiques, baladé au fil des ans de grindhouse en drive-in, sous les titres successifs et plus ou moins inspirés de "The Veteran", "The Night Andy Came Home", "Whispers" et "White Night". Chez nous, il connut également une exploitation sous l'appellation "Soif de Sang" - on pleure!

(3): Voir chronique: "Masters Of Horror - saison 1 - épisodes 6 & 8".

(4): Juste retour des choses, puisque le premier film de Clark "Children Shouldn't Play With Dead Things" s'inspirait fortement de "La Nuit des Morts-Vivants"! Pour la petite histoire, sachez également que, sur "Le Mort-Vivant", les maquillages sont dus à Tom Savini, dont c'était la première expérience professionnelle. On reste en famille!

Cliquez sur le lien pour voir la bande-annonce:

http://fr.youtube.com/watch?v=S65wVHsYJTQ

Allez, on se fait un petit extrait:

http://fr.youtube.com/watch?v=jGx1uff1G1s

Voir également la chronique de l'ami Sigismund:

http://imagesquibougent.canalblog.com/archives/2008/12/10/index.html

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LE GRAND INQUISITEUR 

(The Witchfinder General)

de Michael Reeves (1968)

Dans la catégorie "British horror from the sixties", "Le grand Inquisiteur" est une sélection logique. D'abord parce que, bien que n'étant pas une production "Hammer", il en a à s'y méprendre toute la saveur, ce qui donne une idée de l'hégémonie stylistique que la célèbre firme exerçait sur le genre à l'époque... Ensuite du fait que, bien que tombé depuis dans les oubliettes qui sont le lot du cinéma d'exploitation, il n'en fut pas moins en son temps un petit classique du bis qui sut se faire remarquer de la secte de fanzineux hantant le ghetto des cinémas de quartier - du moins si j'en juge par les critiques très positives que j'ai pu retrouver dans mes vieux numéros contemporains de "Creepy", "Eerie" et autre "Vampirella", exhumés à l'occasion de cette chronique. Cet engouement fut essentiellement dû à la présence en tête d'affiche de Vincent Price, alors l'une des plus prestigieuses stars de l'horreur, qui s'offre ici un véritable festival de vilenie visqueuse dans le rôle-titre. Mais le film de Michael Reeves se distingue également par un sadisme proprement hallucinant pour l'époque, rendant même des points à la "Hammer" qui n'était pourtant pas en reste sur ce chapitre. Certes, l'on pourra légitimement stigmatiser une certaine complaisance dans la multiplication des scènes de torture, toutes plus raffinées les unes que les autres. Toutefois, nonobstant le fait qu'elles feraient aujourd'hui gentiment sourire un public nourri de "Saw" et autre "Hostel", il n'en demeure pas moins qu'en cette période de censure virulente (et, oserait-on dire non sans une certaine ironie: inquisitrice!), seuls de tels débordements grand-guignolesques étaient porteurs du potentiel transgressif propre à satisfaire le public très particulier des films d'horreur, d'ailleurs souvent considéré comme déviant ou, en tous cas, "pas très net". Et puis soyons honnêtes, un film d'horreur qui ne se montrerait pas quelque peu complaisant, à un moment ou à un autre, nous semblerait bien fade, à nous autres déviants indécrottables! Ceci pour dire que les temps ont bien changé et que de nos jours, "Le grand Inquisiteur" s'appréciera davantage pour le spectacle kitsch d'une flamboyance gothique qui, là encore, est digne des plus fameux classiques de la "Hammer", ce qui lui vaudra l'estime des aficionados. Une autre particularité de cette oeuvrette décidément curieuse est de développer son argument horrifique sur fond de film d'aventures historique, ce qui le place à l'intersection des deux genres. C'est en effet dans le contexte, dépeint de façon tout à fait convaincante, de l'insurrection cromwellienne et de la persécution des papistes par Charles Ier que l'infâme Vincent Price va semer la terreur à travers l'Angleterre, à coups de parodies de procès pour sorcellerie, d'aveux extorqués par la torture et d'exécutions sommaires. Cynique à souhaits et mielleusement ignoble, il va s'affronter à Ian Ogilvy ("jeune premier" connu pour avoir succédé à Roger Moore en interprétant le rôle de Simon Templar dans la série TV "Le Retour du Saint") qui le poursuit de sa vindicte avec une détermination inébranlable. Il faut dire que "Le grand Inquisiteur" a abusé de sa fiancée qui espérait, en cédant à ses avances, obtenir la grâce de son père convaincu de sorcellerie, et qui se verra tout de même exécuté en dépit du sacrifice de sa fille. Par ailleurs, le film livre son lot de séquences gentiment sexy qui, conjuguées aux divers déchaînements sadiques de l'ignoble individu, prennent une connotation assez perverse. Quant aux tortures proprement dites, elles trouvent leur réalisme dans une historicité pointilleuse, ce qui prouve que, toute série B qu'il soit, le script est assez sérieusement documenté. Je ne citerai que cette épreuve discriminante et tristement célèbre qui consiste à balancer une victime ligotée dans la rivière: si elle flotte, c'est la preuve irréfutable de son appartenance démoniaque, et elle sera donc exécutée. En revanche, si elle a la chance de se noyer, l'infortunée se verra magnanimement disculpée! C'était juste un échantillon des joyeusetés que réserve cette chronique de la persécution ordinaire, car il s'en passe bien d'autres dans le secret des donjons obscurs où elle nous emmène...

Cliquez sur le lien pour voir la bande-annonce:

http://fr.youtube.com/watch?v=rXmmJ6lKcfY

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LA CRÉATURE INVISIBLE

(The Sorcerers)

de Michael Reeves (1967)

"Trash" persiste et signe dans la crypto-série B britannique avec le second film de Michael Reeves, cinéaste obscur s'il en est, puisque décédé prématurément après avoir réalisé "Le grand Inquisiteur" en 1968 (sa première oeuvre étant "La Sorella di Satana", une production italienne de 1966 inédite chez nous, avec la vénéneuse Barbara Steele). Si "Le grand Inquisiteur jouissait d'une certaine réputation auprès des aficionados hardcore, on est en revanche dans l'archéologie cinéphilique pure et simple avec "La Créature invisible", dont ne doivent se souvenir que les fans inconditionnels de Boris Karloff, qui tient ici la tête d'affiche en compagnie de Ian Ogilvy, décidément acteur-fétiche de Reeves (voir ci-dessus). Très schématiquement, le cinéma populaire british des sixties se décline selon deux styles principaux: l'un s'inspirant, comme on l'a vu, du gothisme façon "Hammer", et l'autre préférant les ambiances décalées et zarbies à la "Chapeau Melon et Bottes de Cuir", et dont on trouve les prémisses dans la célèbre franchise des "Quatermass" initiée par Val Guest dans les années 50. Avec "La Créature invisible", on se situe nettement dans la seconde catégorie, le film se déroulant dans un Londres épuré à l'extrême, et dont la population semble se limiter aux protagonistes du script. Il en résulte des rues vides la plupart du temps, induisant une atmosphère étrange, comme si la ville se réveillait de quelque catastrophe nucléaire, ou encore des venelles obscures s'insinuant entre deux murs de briques, et qui semblent une lointaine réminiscence du Whitechappel de Jack l'Éventreur. Pour faire bonne mesure, on se régalera également de l'ambiance très psychédélique d'un "Swingin' London" digne du "Blow Up" d'Antonioni, et notamment dans les scènes tournées dans un night-club où de jeunes mods et des meufs en minijupes dansent le jerk au son des Rickenbaker. Adonc, "La Créature invisible" raconte l'histoire d'un couple de vieillards (les "Sorcerers" du titre original) dont le mari (Boris Karloff, dans le rôle du savant fou de service) a inventé une machine diabolique permettant de contrôler à distance l'esprit des malheureux qui y sont soumis. Le couple va donc piéger le pauvre Ian Ogilvy, jeune dandy blasé traînant son ennui d'un night-club à l'autre, et qui sera appâté par la perspective d'une expérience inédite. Son passage sous l'inénarrable machinerie va d'ailleurs nous valoir un moment anthologique de psychédélisme nanardesque. La séquence est en effet d'un kitsch irrésistible, organisant l'expérience comme un light-show fleurant bon l'acide lysergique, sur une ambiance sonore à la Pierre Henry. Killer! Le reste tourne à la comédie grinçante dont nos amis d'outre-Manche sont si friands car, non contents de prendre à volonté le contrôle de l'esprit de leur cobaye involontaire, Pépère et Mémère éprouvent par procuration toutes les sensations de celui-ci, sans bouger de chez eux. Aux caprices anodins, comme retrouver les joies de la piscine, succèdent bientôt, l'impunité aidant, d'autres plaisirs plus moralement discutables, notre couple versant dans la délinquance sénile... Si Pépé est plutôt un brave type au sens moral développé, Mémé en revanche pète les plombs et se lâche à donf: elle casse un magasin de fourrures, puis se paye un rodéo en gros cube, avant que de passer à la vitesse supérieure et de se mettre à bousiller les gens, le tout par Ogilvy interposé, tandis que Pépé, dont la volonté est bien moins forte que celle de sa moitié, se voit réduit à l'état de spectateur impuissant et désapprobateur. Ce scénar foutraque à souhaits nous offre une heure et demie d'un réjouissant délire décliné de manière très pisse-vinaigre et avec toute la morgue requise: so british! Bref, une bizarrerie de plus à mettre à l'actif des programmateurs de "Trash", dont l'inspiration semble aussi inépuisable que l'érudition en matière de sous-culture déviante. Savoureux.

Cliquez sur le lien pour voir la bande-annonce:

http://fr.youtube.com/watch?v=o7ri_81AbZs

incognito

"Le Mort-Vivant" revient incognito...

routier

Un routier trop sympa!

shooteuse

Un vampire d'un nouveau genre, dont se souviendra Romero...

chien

Mais que fait Brigitte Bardot?

torture

"Le grand Inquisiteur": un film qui fracasse!

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Le majestueux Vincent Price (non, c'est pas le frère de Leader!)

croix

Les sorcières n'ont qu'à bien se tenir!

nu

Patchworkman vous en donne plus: la playmate du mois (scène censurée)

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Le couple infernal de "La Créature invisible", et son inénarrable machine!

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Un psychédélisme haut en couleurs!

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Ian Ogilvy, acteur-fétiche de Michael Reeves

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Sur les traces de Jack L'Éventreur...

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Commentaires
B
Merci pour cette réponse étoffée... Ça fait du bien, et c'est tellement rare sur les blogs... Mais il semble que ce soit une règle, ici !<br /> Pour ce qui est du catalogue de tortures, je peux t'assurer que MARK OF THE DEVIL est é-di-fiant. C'est vraiment un très très grand film, injustement descendu par la critique française pour cause de "complaisance sadique". Superbe édition DVD chez "Blue Underground" (l'ami Lustig fait bien les choses...)<br /> Concernant WITCHFINDER, je suis d'accord pour le rapprochement avec la dernière période de la Hammer (LES CICATRICES et CRONOS), sauf que l'esthétique gothique y était encore très appliquée, et je n'en trouve pas vraiment trace dans le film de Reeves, et surtout pas dans le finale, où la photo est sale, granuleuse, et la caméra très mobile, presque portée à l'épaule. Pour l'anecdote, j'ai les deux versions du film : la dévêtue et l'habillée, dans les scènes de la taverne, dont tu mets une photo. La comparaison est assez drôlatique...<br /> Je suis moi aussi, tu l'as bien compris, un adorateur du grand Sam. Non seulement la nostalgie est présente chez lui, mais elle est même le moteur de son œuvre, je crois. Ah ! "Coups de feu dans la Sierra" !... Qui se paie le luxe d'être à la fois la matrice et le condensé de vingt ans de cinoche à venir !...<br /> Pour finir (enfin !), j'ai eu un choc en m'apercevant, suite à ton excellente analyse du film, que j'ai vu pour la première LE MORT-VIVANT de Bob Clark il y a exactement 20 ans... CHRISTMAS STORY, du même Clark, fait partie de ses derniers chefs-d'œuvre, après MEURTRE PAR DECRET. La famille en prend plein la poire, une fois de plus, mais dans un registre cynico-affectif empreint de... nostalgie.<br /> Pardon pour ce long commentaire... Et au plaisir...
P
Ben, c'est que la Hammer est surtout connue pour ses fameuses productions gothiques, alors qu'elle a tourné pas mal d'autres productions dans tous les genres, dont beaucoup restent inédites en France. En ce sens, par son côté "cape et épée" et film d'aventure, "Le grand Inquisiteur" se rapproche effectivement plus d'un film comme "Captain Chronos, Chasseur de Vampires" de Brian Clemens, que du "Cauchemar de Dracula". Néanmoins - en tous cas c'est la sensibilité que j'en aie - il y a tout de même des constantes: toute la séquence finale se déroulant dans le donjon me semble participer d'une esthétique assez hammerienne (peut-être du fait que les décors ont pu servir dans d'autres films, un tel recyclage n'étant pas rares à l'époque dans le contexte d'un cinéma populaire), et puis également dans la caractérisation des personnages "du peuple" - notamment dans les séquences se déroulant dans la taverne. Et puis, évidemment, par le sadisme développé, qui fut pour la Hammer une véritable marque de fabrique (je pense notamment aux "Cicatrices de Dracula", avec Chris Lee martyrisant le pauvre "Klaus").<br /> <br /> Néanmoins, le côté "western" auquel tu fais allusion est tout à fait pertinent, du fait des nombreuses cavalcades évidemment, mais principalement autour du thème de vengeance, actualisé dans une poursuite interminable. Comme il n'est pas inexact (maintenant que tu me le dis) qu'en ajoutant le facteur violence, on tombe dans une structure qui peut éventuellement évoquer Peckinpah. Sauf peut-être que chez Peckinpah, le déchaînement de la violence est presque toujours une sorte de résistance désespérée de personnages "dinosaures" obsolètes et condamnés par l'Histoire dans un monde en plein changement et auquel ils sont incapables de s'adapter. Paradoxalement, il y a beaucoup de nostalgie dans les films de Peckinpah (qui est l'un de mes cinéastes préférés, je m'empresse de le préciser).<br /> <br /> En tous cas, le statut du "Grand Inquisiteur", par la mixité qu'il établit entre le film de cape et d'épée et le film d'horreur (notamment par le catalogue d'instruments et de techniques de torture qu'il propose, et qui renvoie aux films traitant du thème du "musée des horreurs"), en fait un curiosité assez inclassable et tout à fait intéressante.<br /> <br /> Enfin, hélas, je n'ai pas encore pu voir "Mark Of The Devil", bien que je le connaisse de réputation...
B
Je suis assez étonné de votre comparaison avec la Hammer. Le film de Reeves s'émancipe beaucoup de cette esthétique, je trouve ; il me semble plus proche d'une sorte de lyrisme westernien, et entretient nombre de points communs avec l'univers d'un Peckinpah, par exemple.<br /> Je reste très attaché à ce film, mais sur le même sujet, MARK OF THE DEVIL de Michael Armstrong (1968) me semble infiniment plus réussi... et plus traumatisant ! Les sévices perpétrés par Matthew Hopkins et sa vénalité ne sont rien comparés à l'enfer généré par Lord Cumberland (Herbert Lom). Le film est également beaucoup plus juste et fouillé sur le plan historique...<br /> Allez, zou !... Je poursuis ma lecture de vos articles (j'ai du retard à rattraper !...)
E
Pour le film le mort vivant, je l'ai vu car il est passé sur aRté, il y a quelques semaines.<br /> Sincèrement, ce film m'a vraiment ennuyé. ça met 3 plombes à commencer!
S
à propos de ta réponse à mon post sur Farmer et Andréas, je voulais rajouter ceci:<br /> Andréas contrairement à ceux qui font de la b.d parlante -les auteurs de comics, scénar comme dessin, disent que c'est parfois un peu trop des ' têtes parlantes', très peu ce sont influencés des européens pour aérer un peu les narrations ( Quietly qui s'inspire un peu de Moebius ) ou alors ce sont des gens qui viennent de la télé, et une fois sur deux quand un comics est un peu séquencé ça cache un gros vide - a été un des premiers a laissé la place au silence et au séquencage : conséquence on a donc l'action qui se fait davantage par des actes ( subplots ) que par des paroles, et cela devient un ressort important du récit.<br /> Je n'avais jamais re-trouvé ça nulle part, mis -à-part dans l'excellente série animée des années 90 ' Aeon Flux' dont on a tiré un film, mais l'intégrale de la série animée est dispo en dvd :<br /> si tu connais pas , alors tu vas méchamment triper :<br /> http://imagesquibougent.canalblog.com/archives/2007/12/11/7205342.html<br /> <br /> à +
patchworkman's blog
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