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patchworkman's blog
13 juin 2008

TRASH (Mai 2008)

Vu à la télé

TRASH (Mai 2008)

Il est grand temps que vous sachiez une chose: les films les plus branques que vous avez pu voir chroniqués ici même, depuis plus de deux ans que ce blog existe, ont pour la plupart été visionnés à l'occasion des séances "Trash" diffusées sur Arte, véritable anthologie du cinéma gonzo qui explore indifféremment des sous-genres aussi peu fréquentables que le classique horrifique, le nanar d'exploitation, l'érotisme déviant ou encore l'ésotérisme arty, mais qui se trouvent souvent réunifiés par une notable propension pour le kitsch le plus décomplexé. Pour bien vous signifier à quel point ces séances ont constitué une mine d'or pour ces pages, voici une liste exhaustives des OVNI ci-chroniqués: "L'Attaque de la Moussaka Géante", "Le Masque du Démon", "La Nuit des Morts-Vivants", "La Révolte des Morts-Vivants", "Le Retour des Morts-Vivants", "La Maison de l'Exorcisme", "La Fiancée de Dracula", "Le Carnaval des Âmes", "La Langue tueuse", "The Roost", "Le Jour des Morts-Vivants", et encore n'ai-je retenu que les films fantastiques afin de ne pas sortir du sujet de ce blog. Cela dit, vous comprendrez mieux pourquoi j'ai décidé d'inaugurer ce jour une nouvelle rubrique, en principe mensuelle, consacrée spécialement auxdites séances "Trash" - un peu à la manière dont j'ai traité des "Séances interdites" de l'ami Yannick Dahan programmées sur Canal +. Adonc, on attaque avec "La Maison ensorcelée", nanar gothico-psychédélique du Britannique Vernon Sewell, on enchaîne sur "Bubba Ho-Tep" qui consacre le retour sur grand écran de Don "Phantasm" Coscarelli, et on conclut par "Une Hache pour la Lune de Miel" d'un Mario Bava - eh oui, encore lui! - certes en petite forme dans un giallo très très bis, mais non dénué d'intérêt. Voila. Quand vous aurez digéré tout ça, on verra bien si vous viendrez en redemander - quoique quelque part, je l'espère bien! Que vous dire de plus? Que ça se passe le vendredi soir entre 23h et minuit sur Arte et que, pour les couche tard qui ont la TNT, les films sont régulièrement rediffusés tout au long du mois vers les trois heures du mat - c'est là qu'on voit les plus motivés! En espérant que vous serez nombreux à rejoindre cette grand'messe du kitsch...

maison_aff

LA MAISON ENSORCELÉE

(Curse Ot The Crimson Altar)

de Vernon Sewell (1968)

Comme chacun sait (je vous l'ai assez répété!), dans les sixties c'est la firme Hammer et son maître d'oeuvre Terence Fisher qui tiennent le haut du pavé de la production fantastique, à tel point que certains considèrent la décennie comme l'avènement d'un second Âge d'Or du genre. En conséquence, la mode est au gothisme à petit budget, et le cinéma populaire british fourmille de productions modestes - et souvent nanardesques - marchant sans vergogne sur les brisées de la célèbre firme. Si Vernon Sewell fait partie de ce mouvement parallèle, l'homme n'a toutefois pas attendu la sortie du "Frankenstein s'est échappé" de Fisher, qui a inauguré le style Hammer en 1957, pour se lancer dans le fantastique, et on lui doit notamment (entre autres polars et films de guerre) "Ghosts Of The Berkeley Square" (1947) et "The Ghost Ship" (1952) qui, aujourd'hui encore, demeurent inédits chez nous. De plus, l'homme n'est pas un inconnu des habitués de ce blog puisque j'ai déjà eu le plaisir de vous chroniquer "Le Vampire a soif", tourné l'année précédente, réjouissant nanar interprété par Peter Cushing, acteur estampillé "Hammer", et qui restera dans nos mémoires pour son inénarrable mite géante suceuse de sang (voir "Mollards" de Janvier 2007).

De même, "La Maison ensorcelée" mérite de figurer parmi les très riches heures du nanar kitschissime, et Arte ne s'est certes pas trompée en le programmant. Curieusement, cette oeuvrette que rien ne prédestinait à ce qu'on s'en souvienne finit par s'avérer, la patine du temps aidant, une pièce de choix pour tout cinéphile s'intéressant quelque peu au cinéma populaire - et là, je ne parle pas uniquement de la secte très restreinte des inconditionnels du navet. Car, nonobstant son incontestable zèderie, "La Maison ensorcelée" est une sorte de film historique, une façon de repère incontournable pour la fantasticophilie, et ce pour différentes raisons. Par exemple, si vous consultez une quelconque encyclopédie du cinéma fantastique, le film vous sautera immanquablement aux yeux par son casting, qui consacre la fusion de deux âges d'or à un moment charnière, au travers de Boris Karloff, légende de la fameuse période "Universal", et de Christopher Lee, véritable pilier de la Hammer. Cette confrontation hautement symbolique entre une époque révolue, personnifiée par un Karloff miné par la maladie et ne quittant pas son fauteuil roulant, et le sang neuf de ses héritiers britanniques incarné par un Chris Lee sémillant, prend les allures d'une transmission de flambeau qui ne manquera pas d'émouvoir les fantasticophiles en remuant un sentiment doux-amer de nostalgie. Ajoutez à cela, quoique dans un rôle très secondaire, la très culte Barbara Steele, autre superstar de l'horreur révélée par quelques chefs-d'oeuvre du gothisme italien (citons notamment "Le Masque du Démon" de Mario Bava - 1960 - ci-chroniqué, et "La Danse macabre" d'Antonio Margheriti - 1964), plus quelques autres habitués de la Hammer tels que Rupert Davies (vu la même année dans "Dracula et les Femmes" de Freddie Francis) ou encore l'omniprésent Michael Gough qui se fait une seconde jeunesse chez Tim Burton, non seulement en interprétant le rôle d'Alfred dans le dyptique Batman, mais surtout dans "Sleepy Hollow" (1999), magnifique hommage aux films de la Hammer. Autre nom prestigieux, quoiqu'employé ici quelque peu abusivement: celui de H.P. Lovecraft. En effet, "La Maison ensorcelée" se veut une adaptation de "La Maison de la Sorcière", bien qu'il ne subsiste dans le script que peu de choses de la célèbre nouvelle du Maître: seuls la dimension onirique des aventures du héros et le fameux "Livre noir" ont été préservés, pour déboucher sur une intrigue lourdement rationalisée dans un final décevant et en contresens total avec la cosmologie non euclidienne mise en place par HPL, à laquelle les scénaristes évitent soigneusement de se frotter.

Plus intéressante est l'esthétique du film qui, bien que là encore typiquement zédeuse dans son extravagance délicieusement tapageuse, est particulièrement représentative du millésime 1968, année de tous les dangers qui voit la sortie du film. Ainsi, le style gothique tel que défini par la Hammer se voit ici compliqué d'une pop-culture psychédélique en provenance directe du mythique "Swingin' London". En effet, si les forêts profondes et les antiques demeures aux décors tarabiscotés restent de mise, le psychédélisme entre en scène dès que l'on pénètre la dimension proprement fantastique, et notamment dans les séquences empruntées à Lovecraft. Le basculement du héros dans un monde onirique et cauchemardesque est ainsi annoncé par des images kaléidoscopiques dont Sewell abuse, et auxquelles il ne manque plus que la musique du Pink Floyd de Syd Barrett pour se retrouver dans l'ambiance du célèbre club "UFO". Cette atmosphère de boîte psyché se renforce encore dès que l'on entre dans la dimension de la sorcière, où une assemblée de créatures assez croquignolettes dans leur aspect torture le héros pour l'amener à signer le fameux "Livre noir", et se voit éclairée par tout un light show stroboscopique aux couleurs impossibles! Par le fait, ces séquences méritent amplement de figurer dans toute anthologie nanardesque digne de ce nom, que l'on évoque le sort peu enviable infligé à la malheureuse Barbara Steele qui, dans le rôle de la sorcière, se voit entièrement peinte en vert, le crâne surmonté de cornes de bouc du plus bel effet, ou ce bourreau au look SM en slip de cuir et casque de moto surmonté d'une paire d'andouillers de cerf, et je ne vous parle pas du reste de la congrégation!

Ajoutez à tout ça quelques timides scènes de nudité, signes avant-coureurs de la révolution sexuelle en marche, et une prédominance d'affriolantes mini-jupes dans la garde-robe de ces demoiselles, puis allumez un bédo par là-dessus: vous aurez alors fort dignement fêté le quarantième anniversaire de Mai 68!

Cliquez sur le lien pour voir la bande-annonce:

http://www.commeaucinema.com/bandes-annonces=10387.html

bubba_affBUBBA HO-TEP

de  Don Coscarelli (2003)

À l'instar de Jim Morrison, et au contraire de Paul McCartney qui, lui, a depuis longtemps précédé dans la tombe ses copains John et George comme nous le signifient les nombreux indices cabalistiques laissés sur la pochette de "Sgt Pepper", Elvis n'est pas mort. Suite à une histoire de substitution un peu compliquée que je vous laisse le soin de découvrir, il coule des jours sinistres dans une maison de retraite dont il arpente les couloirs, précédé de son déambulateur, en compagnie de son pote JFK qui, comme chacun sait, était black! Si Mike Shrieve a l'insigne privilège d'avoir seize ans pour l'éternité, Elvis, lui, a bien vieilli, n'arque plus, se trimballe au bout de la teub une protubérance qui résiste à toute prophylaxie et, comble de la déchéance, tout le monde le prend pour son propre sosie - sauf son pote JFK, ce qui est somme toute logique! Bref, Elvis déprime à mort et n'entrevoit d'autre avenir qu'une inéluctable décrépitude quand, sortie d'un lac voisin dans lequel elle a été précipitée suite à un concours de circonstances assez homérique, une momie dévoreuse d'âmes jette son dévolu sur le mouroir où croupit notre idole déchue. Menant l'enquête sur les morts suspectes qui déciment les pensionnaires, Elvis va redonner un sens à sa vie en livrant à la créature un ultime et flamboyant combat...

Ce concept foutraque "Elvis contre la Momie", propre à mettre en route chez moi le processus d'une fantasmatique zédeuse autant que débridée, ne va pas sans m'évoquer ces sommets du nanar que sont probablement "Billy The Kid Vs Dracula" et "Jesse James Meets Frankenstein's Daughter" que le trop méconnu William Beaudine, dont je désespère de voir un film avant de mourir, tourna en 1966. En effet, à première vue, un script aussi gonzo laissait augurer un grand moment de délire et de kitsch. Or, il n'en est rien: le traitement qu'en donne Don Coscarelli, dont ce "Bubba Ho-Tep" consacre le retour au long métrage après des années d'absence (depuis un "Survival Quest" passé inaperçu en 1989, pour être précis) s'avère bien trop sage et timoré, et échoue à restituer toute la démesure que méritait un sujet dont il est pourtant l'auteur. Là où l'on était en droit de s'attendre à un digne représentant de ce cinéma décalé que nous aimons tant, et dont les séances "Trash" nous ont déjà programmé quelques dignes représentants tels que les OVNI "L'Attaque de la Moussaka géante" ("Mollards" de Mars 2006) ou "La Langue tueuse" ("Mollards d'Août 2007), "Bubba Ho-Tep" se montre bien trop pusillanime, comme si Coscarelli craignait de pécher par excès de kitsch alors que, précisément, c'était le moment idéal pour en rajouter des louches. Au finish, on reste donc avec une série B assez bien réalisée et sympathique dans ses intentions, mais bien trop classique dans sa forme pour amener celles-ci à un total développement, d'où un arrière-goût fâcheux d'inachevé et de rendez-vous manqué.

À l'actif du film, nous retiendrons la performance du toujours très cabotin Bruce "Ash" Campbell, qui s'amuse beaucoup sous la défroque d'un King rhumatisant et sait nous communiquer son enthousiasme, parvenant même à engendrer par moments une certaine compassion pour son personnage. Coscarelli lui-même n'est pas le dernier à s'éclater, s'autoparodiant avec grand plaisir comme dans cette séquence où Elvis affronte un scarabée de la taille d'un rat, dont les attaques en piqué sont un évident clin d'oeil aux mythiques "sphères tueuses" de la franchise "Phantasm", ou encore en témoignant au travers de son inénarrable momie d'une sincère affection pour les "Craignos Monsters"!

Certes, on passe avec "Bubba Ho-Tep" un moment agréable, mais on aurait souhaité un traitement un peu moins constipé de ce script qui réclamait une outrance assumée et revendiquée. Putain, pète un coup et lâche-toi, Don!

Cliquez sur le lien pour voir la bande-annonce:

http://www.allocine.fr/video/player_gen_cmedia=18408902&cfilm=35131.html

hache_aff

UNE HACHE POUR LA LUNE DE MIEL

a.k.a. LA BAIE SANGLANTE 2

(Il rosso Segno della Follia)

de Mario Bava (1969)

Certes, la filmographie de Mario Bava est suffisamment riche en petites merveilles pour qu'on puisse s'interroger sur le choix d'Arte de sélectionner l'un de ses gialli les moins aboutis... S'il connut une fugitive distribution en Belgique en 1971 sous le titre "Une Hache pour la Lune de Miel" (traduction littérale de son titre espagnol "Un Hacha para la Luna de Miel" - l'oeuvre étant une coprod italo-ibérique), "Il rosso Segno della Follia" ne fit son apparition dans l'hexagone qu'avec l'avènement de la VHS sous l'appellation "La Baie sanglante 2", titre d'autant plus stupide que le classique du bis auquel il se réfère (et que d'aucuns, dont votre serviteur, considèrent comme le premier slasher de l'histoire du cinéma) lui est postérieur de deux ans! Ceci pour dire que, si l'on ne crache pas sur le fait d'avoir l'occasion de voir une oeuvre assez rare, on comprend assez bien en revanche que les distributeurs français aient pu à l'époque faire l'impasse sur une production bâclée par bien des aspects, probablement du fait d'un budget étriqué et d'un temps de tournage de l'ordre du subliminal. Ainsi, on pourra être agacé par la réalisation proprement dite, avec notamment une profusion de zooms et zooms-back incessants et souvent hasardeux au détriment de mouvements de caméras plus sophistiqués, délivrés au rythme d'une envahissante musique de supermarché qui alterne avec des dialogues creux, parfois hors de propos et souvent strictement utilitaires, débités par des acteurs sans aucun charisme - exception faite de l'excellente Laura Betti, qui nous offre une prestation savoureusement inquiétante.

Heureusement, il y a Bava derrière la caméra, et on peut compter sur cet artisan consciencieux et esthète incurable pour sauver ce qui peut l'être et nous livrer un film suscitant un intérêt certain en dépit de ses nombreux défauts. Confronté à des choix que l'on subodore drastiques, Bava concentre son énergie sur ce qu'il sait le mieux faire: composer et éclairer un plan. Dès lors, on oublie les longueurs d'une narration qui, il faut bien le dire, a tendance à se traîner, et on se laisse éblouir par les mille inventions visuelles de celui qui fut l'un des meilleurs chefs-op de son époque. Comme dans "Suspiria" et "Inferno" de l'élève Argento - quoique dans un style ici plus "apaisé", mais ô combien plus vénéneux! - le script plus ou moins improbable n'a d'autre valeur que celle de prétexte à un délire esthétique de tous les instants et, si l'on entre dans le film autrement que comme dans un musée, on risque fort d'être déçu et de passer à côté d'une expérience contemplative des plus enrichissantes. Car "Une Hache pour la Lune de Miel" est avant tout une oeuvre "for your eyes only", et qu'il convient de ne pas aborder avec des préoccupations trop "dramatiques", ce qui est une façon de dire qu'elle est peut-être réservée aux fans inconditionnels de Bava - mais rien ne vous empêche de le devenir! Dans ce contexte, on notera avant tout le choix du lieu de tournage, une de ces villas excessivement baroques comme on n'en trouve qu'en Italie, avec des intérieurs labyrinthiques aux décors tarabiscotés et surchargés de fresques, moulures, tentures, statues, etc, symptomatiques de la manière de Bava qui sait comme personne distribuer la lumière dans leurs mille recoins, engendrant un climat de menace séculaire. Le réalisateur occupe l'espace et étouffe le spectateur sous un foisonnement de bimbeloterie aux formes tourmentées et à la fonction esthétisante parfois gratuite, mais souvent hautement symbolique, qui contribue efficacement à l'élaboration de ses atmosphères. On a par moment le sentiment, devant tant de maniérisme, que chaque plan est l'oeuvre d'un peintre fou obsédé par la réalisation d'une toile "définitive". Cette succession de plans sublimes et suffocants trouve son dynamisme dans un montage habile, particulièrement dans les scènes où la tension se fait la plus intense: ainsi, la séquence dans laquelle le héros cède à la déprime dans son ancienne chambre d'enfant, face aux multiples jouets qui s'animent pour devenir une sorte d'auditoire accusateur, est un véritable morceau de bravoure dont sauront se souvenir Argento ainsi que moult réalisateurs ayant ultérieurement approché la thématique de l'automate maléfique.

On le voit, une fois de plus Bava s'empare à bras le corps d'un petit film d'exploitation pour lui imprimer sa marque indélébile d'auteur. L'indigence de la production, qu'il s'efforce de transcender de tout son talent d'esthète, est d'autant plus regrettable qu'elle foire un script (auquel Bava a activement participé) au potentiel certain, et qui aurait mérité un meilleur traitement. Ainsi, le parti pris de nous dévoiler dès les premiers plans l'identité de l'assassin décentre de façon inhabituelle et originale la cosmogonie classique du giallo, et permet d'en évacuer les conventions les plus sclérosantes, telle la composante "whodunit" avec déplacement des soupçons d'un personnage à l'autre. S'il y a bien une enquête dans "Une Hache pour la Lune de Miel", celle-ci n'est nullement policière (sans complexes, le flic de service avoue que sa technique consiste à attendre, c'est-à-dire à ne strictement rien foutre), mais bel et bien introspective, puisque le héros, psychopathe étonnament lucide, ne traque rien moins que les raisons de sa folie. Chaque meurtre commis lève ainsi un pan de son amnésie et fait reculer le refoulement pour approcher la scène originelle, qui se révèlera en consacrant sa perte. Dès lors, l'assassinat ritualisé dans un mode opératoire invariable, qui renvoie à certains fétiches récurrents vecteurs de réminiscence (ici: hachoir à viande et robe de mariée), répond moins à la satisfaction d'une pulsion morbide irrésistible qu'à la nécessité vitale d'une thérapie. Dans un de ces paradoxes pervers devenus quasiment sa marque de fabrique, Bava fait cohabiter Éros et Thanatos ou, à un autre niveau, le psychanalyste et son patient névrosé, dans un seul et même personnage. Les termes de la contradiction schizophrène qui déchire le héros peuvent être ainsi exprimés: pour cesser de tuer, il faut que je continue à tuer!

Cette double contrainte scénaristique confirme Bava, si besoin en était, en tant que maître de l'ambiguïté perverse. Ici, il ne se contente pas d'écarteler son héros par des pulsions contradictoires, mais traite le spectateur de manière similaire en introduisant à mi-film un élément fantastique qui va singulièrement compliquer l'affaire. En effet, suite à l'assassinat de sa propre épouse, le héros va se retrouver persécuté par le fantôme de celle-ci. Situation classique, certes, face à laquelle on est censé se demander si on a affaire à un revenant effectif ou à une hallucination engendrée par la culpabilité de l'époux meurtrier. Non seulement, on s'en doute, Bava prend bien soin de maintenir cette indécidabilité, faisant pencher la balance tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, mais il se paie en outre le luxe pervers d'introduire soudainement une troisième possibilité, lorsque le héros découvre QU'IL N'EST PAS LE SEUL à voir la revenante, son entourage continuant à réagir comme si celle-ci était toujours vivante! On se demande alors sérieusement si le meurtre de l'épouse n'a pas tout simplement été fantasmé par un cerveau encore plus malade que ce qu'on avait imaginé, hypothèse que le script s'empresse bien évidemment de relativiser, à peine est-elle posée! À ce stade-là, inutile de vous dire que l'on se retrouve assez délicieusement largué, au moins autant que le héros lui-même, et ce jusqu'à la conclusion où Bava persiste et signe avec une pirouette scénaristique assez remarquable, s'amusant visiblement beaucoup de la frustration sadique qu'il a su engendrer par ses incessantes manigances.

Tout cela concourt à nous conforter dans cette idée qu'avec "Une Hache pour la Lune de Miel", on est passé à côté, mais pas loin, d'un grand giallo, ce qui nous amène à déplorer une fois de plus que Bava ait été tout au long de sa carrière considéré par-dessus la jambe par des producteurs qui ne croyaient que du bout des lèvres au genre fantastique, pas assez en tout cas pour donner à celui qu'ils considéraient comme un simple faiseur les moyens et le temps d'exprimer tout son art. Considérant les chefs-d'oeuvre du bis qu'il a su par ailleurs réaliser avec quelques bouts de ficelle, on continue à fantasmer sur les merveilles que Bava aurait  réalisées s'il avait pu disposer ne serait-ce que du dixième des moyens alloués de nos jours aux tâcherons sans âme qui polluent régulièrement le genre. Amer constat...

Cliquez sur le lien pour voir la bande-annonce:

http://www.youtube.com/watch?v=RWRbDqz8zhQ

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Boris Karloff, dans un de ses derniers rôles

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Allumez les pétards, le show psychédélique commence!

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Barbara Steele peinte en vert, que du bonheur!

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La torture par le rire!

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Elvis dans un sale état!

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Une nouvelle version de JFK!

bubba_momie

Le trio de momies enfin au complet!

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Un superbe tour de valse avec Mario Bava

ilrosso17

Dors, mon petit manequin-quin!   

hache_main

Encore une qui a lâché la rampe!

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Commentaires
N
Fais comme moi (et Bashung), laisse venir...
P
...si je devais penser toutes les conneries que j'écris...
S
......courrier du coeur ?<br /> sérieux tu le penses vraiment ?
P
J'y cours, j'y vole!
N
Tu m'étonnes...<br /> Bien que j'espère te voir prochainement chez moi plus souvent... Là y'a du frère Chiodos, bientôt du Wenders en masse (déjà "la lettre écarlate" et "paris-texas"), mais qu'attend donc le Patch' ? :)<br /> <br /> Bava, je ne suis pas encore addicted, attention, hein ! Il m'en faut bien plus pour ça, héhé.
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