GHOST RIDER
Sortie en salles
GHOST RIDER
de Mark Steven Johnson (2007)
Aaaargh! L'infâme Mark Steven Johnson est de retour! Après avoir foiré dans les grandes largeurs l'adaptation de "Daredevil", pourtant basée sur le run historique de Frank Miller (1), c'est le Ghost Rider que ce yes-man inodore et sans saveur passe à la moulinette de son incompétence. Son script, un modèle de saucissonnage arythmique d'une telle banalité qu'il semble écrit par une photocopieuse, se trouve aggravé par l'incapacité constitutive du bonhomme à ressentir ce qui fait l'essence d'un comics, et a fortiori à le traduire par un visuel pertinent. Soucieux de produire les images les plus conformes possible aux poncifs chébrans du moment, de nous assommer d'images de synthèses défaillantes et de racoler les foules sur des apparences tout aussi démonstratives que vides de sens, Johnson passe régulièrement à côté de son sujet avec une incompréhension qui confine à de la bêtise, à tel point que l'on se demande s'il a seulement feuilleté les comics qu'il adapte. Par quelque bout qu'on prenne la chose, c'est la cata: on a rarement vu des images d'une telle platitude, incapables de transmettre quoi que ce soit qui ressemble à une idée ou une émotion, tant sur la forme que dans le fond - d'ailleurs inexistant! D'une superficialité limite insultante pour le spectateur, la mise en scène de Johnson échoue à asseoir le moindre climat, le moindre rythme, le moindre style, et le tâcheron s'avère tout aussi inapte à appréhender l'atmosphère poussiéreuse de road-movie qui fait tout le charme du comics "Ghost Rider" que celle, crépusculaire et urbaine, du très "hard boiled" Daredevil de Miller.
Les deux films présentent d'ailleurs les mêmes tares. D'abord un script écrit avec les pieds, et dont l'illustration décousue enchaîne les séquences comme autant de clips mis bout à bout et sans aucune continuité: à peine commence-t-on à s'imprégner d'une scène que voici déjà la suivante... Comment ressentir la moindre émotion face à un tel abattage? Jusqu'aux bastons, climax auxquels toute adaptation de comics se doit par tradition d'apporter un soin tout particulier, qui se voient expédiées par-dessus la jambe, bâclées comme l'on se débarrasse d'une corvée, et que nous regardons défiler avec une indifférence somnolente. Et pour cause: elles sont finies avant même d'avoir commencé! Dans de telle conditions, inutile de chercher la moindre ébauche de chorégraphie martiale - le terme étant d'ailleurs grandiloquent pour rendre compte des pitoyables et hasardeuses pantalonnades que Johnson essaie de faire passer pour des combats!
Le casting, et surtout la direction d'acteurs, ne semblent pas non plus intéresser Johnson. Au Ben Affleck inexpressif de "Daredevil" succède ici un Nicholas Cage mauvais comme un cochon qui multiplie les gimmicks débiles et trimballe un air niais que ne parviennent à dissimuler ni Stetson ni Ray Ban, tant il est vrai que sa prestation se limite à ces quelques déguisements. De même, après la moue collagénée de mérou de Jennifer Gardner, nous avons droit dans "Ghost Rider" et dans le rôle de Roxanne à un thon tout en Wonderbra - à moins que ça ne soit du silicone, je lance un appel solennel aux lecteurs de "Voici" qui auraient une info croustillante à ce sujet! - dont le jeu, vous l'aurez compris, se cantonne à quelques effets de décolleté. Franchement pénible à tous les niveaux (si j'ose dire!), l'interprétation surjouée d'Eva Mendez est aussi gonflée et artificielle que le paraissent ses nibards!
Quant aux vilains de l'histoire, ne comptez surtout pas sur ce quarteron de bellâtres à la 2B3, plus poseurs qu'un casting de la Starac et qui se croient visiblement dans un défilé Galliano, pour engendrer autre chose que des bâillements, ni même racoler la djeunesse comme ils sont censés le faire avec leur boys band attitude à deux balles! Ils ont beau grimacer à s'en déchausser les implants dentaires, même Mimi Mathy dans "Joséphine, Ange Gardien" parvient à être plus effrayante! Enfin, le malheureux Peter Fonda n'est là qu'en tant que caution et référence, dans le seul et unique but de nous faire accroire que l'auteur de ce navet possède une culture cinématographique.
Si c'était le cas, nul doute qu'il se serait enfui épouvanté en visionnant ses propres rushes!
Note
(1): L'intégrale du run de Frank Miller sur DD est disponible en trois volumes (1981, 1982 et 1983) chez Panini.
Cliquez sur le lien pour voir la bande-annonce:
http://www.cinemovies.fr/players/player.php?IDfilm=2087&IDBA=15629
Nicholas Cage, dans l'un de ses moments les plus expressifs!
Quel crâneur!
Un Wonderbra qui ne relève pas le niveau!
Ouh j'ai peur! Le boys band prend la pose!
135 € d'amende pour lui apprendre à fumer dans un lieu public!
Peter Fonda: uneasy rider!
Ça pète le feu, mais ça brûle pas les planches!