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patchworkman's blog
1 août 2006

Wampir n°2

Presse

WAMPIR n°2:

"Frankenstein rencontre l'Homme-Loup"

de Roy William Neill (ed. Ponzoni - Décembre 1967)

couv

À force de remuer la poussière chez les bouquinistes, j'ai fini par mettre la main sur quelque chose d'inespéré! Émotion intense, larmes de joie, découverte archéologique des plus inestimables, c'était bien l'un de ces rarissimes ROMANS-PHOTOS des sixties, cauchemar de moult collectionneurs, pris en sandwich entre un "Akim" et un "Jim Canada", que je venais d'exhumer de l'oubli!

Ça étonnera peut-être les plus jeunes d'entre vous, mais à l'époque le roman-photo était fort en vogue dans l'hexagone, et pas seulement chez la ménagère qui se régalait des cocktails à l'eau de rose servis par "Nous Deux" et autres "Confidences", pour ainsi dire l'équivalent de nos "Feux de l'Amour" contemporains. Genre typiquement italien (1), le roman-photo touchait en effet également un public masculin avec des productions plus viriles se résumant en fait à une transposition des très populaires "fumetti" (2). Or, ces derniers faisant un tabac en France, leurs avatars photographiques ne tardèrent pas à y faire leur apparition: je garde d'ailleurs un souvenir ému de "Satanik" (3), criminel insaisissable et sadique en costume de squelette qui assassinait froidement une dizaine de protagonistes dans chaque numéro et torturait des starlettes grassouillettes en sous-vêtements carapaçonnés, ainsi que de «Kimba», sorte de Tarzan gras du bide qui persécutait des félins cacochymes parmi les palmiers en pots, un must absolu pour les amateurs de kitsch hardcore (4)! Là-dessus, quelqu’un eut l’idée géniale de proposer des adaptations en romans-photos des succès cinématographiques du moment: on prenait une centaine de photos extraites des oeuvres originales, on ajoutait quelques phylactères et le tour était joué. Très populaire à l’époque, le western caracolait en tête de la production avec une tapée de revues («Aventures-Films», «Bravoure», «Colt», «Winchester»), mais d’autres genres étaient également représentés tels le film de guerre («Paras»), la SF (le mythique «Star Ciné Cosmos», pour lequel les collectionneurs donneraient un oeil!) et enfin l’horreur avec «Wampir».

Durant sa très éphémère existence, ce titre se concentra sur la légendaire série des «Frankenstein» initiée dans les années 30 durant le fameux «Âge d’Or du Fantastique» de la firme Universal. La franchise débute par deux chefs-d’oeuvres incontournables du maître James Whale: «Frankenstein» (1931) et «La Fiancée de Frankenstein» (1935), suivis en 1939 par «Le Fils de Frankenstein» de Rowland V. Lee (dont je vous recommande l’excellent «Zoo In Budapest» de 1933). Cette trilogie, centrée en plein Âge d’Or et interprétée par l’immortel Boris Karloff, est considérée comme classique et fait encore les beaux jours des ciné-clubs, ainsi que du «Cinéma de Minuit» de Patrick Brion qui la reprogramme régulièrement. La suite est une histoire de gros sous au cours de laquelle la franchise va être exploitée jusqu’à la corde, au travers de crossovers mettant en scène les autres stars de l’Âge d’Or Universal, j’ai nommé Dracula et le Loup-Garou. Si une certaine qualité se maintient avec «Le Spectre de Frankenstein» (1942), réalisé par le très compétent Erle C. Kenton (auteur en 1932 d’un remarquable version de «L’Île du Docteur Moreau» avec le génial Charles Laughton), elle est en nette régression avec «Frankenstein rencontre l’Homme-Loup» (1943) de Roy William Neill (nettement plus inspiré dans sa série TV «Les Aventures de Sherlock Holmes») si j’en juge, n’ayant pas vu le film, par le scénario foutraque que me relate ce «Wampir» n°2.

Dérangé dans son repos prétendument éternel par deux pilleurs de tombes auxquels il ne tarde pas à faire un sort, le loup-garou Larry Talbot (interprété par le célèbre poivrot Lon Chaney Jr, fils indigne du célébrissime «Homme-aux-Mille-Visages») se remet en quête d’un moyen efficace de mourir. Assisté d’un bellâtre médicastre, de la fille de Victor Frankenstein (si,si!) et d’une vieille Gitane qui en sait long sur la lycanthropie, il entreprend des fouilles dans les ruines du château de Frankenstein et tombe comme de bien entendu sur la célèbre Créature, interprétée par un Bela Lugosi bien fatigué. Après l’échange de beignes réglementaire, on attache les deux monstres et, à l’aide des machines compliquée du Docteur Frankenstein (deux électrodes + un fil électrique!), on essaie de transférer l’énergie (???) du Loup-Garou dans le corps de la Créature, afin que Talbot décède et soit libéré de sa malédiction. Évidemment, l’expérience foire (à votre avis: avait-elle la moindre chance de réussir?) et les deux affreux recommencent à se donner copieux! Mais toutes ces expériences maudites, ça finit par nous détraquer le temps ma brave Madame Michu et, dans le cas présent, ça destroy le barrage voisin qui, libérant ses eaux en furie, engloutit monstres et château au grand soulagement des bouseux autochtones, lesquels estiment que tout cela n’est que diableries... Mais n’ayez crainte, toute la ménagerie Universal revient en 1944 dans «La Maison de Frankenstein» (relaté dans «Wampir» n°1 sous le titre ««La Maison des Horreurs»), suivi en 1945 par «La Maison de Dracula», tous deux réalisés par Erle C. Kenton. La franchise s’achèvera en totale cata avec «Deux Nigauds contre Frankenstein» (1949) de Charles T. Barton, où la malheureuse Créature se verra confrontée aux pitreries des ringardissimes Abbott et Costello dans une pantalonnade des plus consternantes.

Après ce n°2, la revue «Wampir» fut quant à elle interdite par la censure gaulliste. Six mois plus tard, le Grand Con castrateur était accompagné jusqu’à Baden-Baden à coups de pied au cul, comme quoi il n’est jamais avantageux de faire chier les puissances des ténèbres! Le n°3 qui, sous le titre de «La Révolte de Frankenstein», relatait en fait «L’Empreinte de Frankenstein», une production Hammer de 1964 réalisée par Freddie Francis, n’atteignit jamais les kiosques puisqu’il fut directement envoyé au pilon.

Notons pour conclure que, mise à part la trilogie de base qui reste encore relativement visible, tous les épisodes postérieurs de la franchise demeurent de véritables incunables. D’où le grand intérêt de ces numéros de «Wampir», qui permettent de visionner d’une certaine manière ces raretés incontournables, témoins d’une époque où Hollywood inventait la série Z!

Notes:

(1): Pour les pervers qui s'intéresseraient au petit monde du roman-photo italien, je recommande chaudement "Le Cheik blanc" (1952) du maestro Fellini, qui porte un témoignage irremplaçable sur ce milieu très particulier.

(2): "Fumetti": terme désignant les petits formats de BD populaire, largement diffusés en France jusque dans les années 80. Pour ne citer que les plus célèbres: "Akim", "Zembla", "Blek Le Roc", "Tex Willer", etc... Le terme de "fumetti" fait référence aux phylactères, qui sortent de la bouche des personnages comme de "petites fumées". Poétique, non?

(3): "Satanik" (nommé "Thrilling" en Italie) est en fait un démarquage en roman-photo du célèbre fumetto "Kriminal", dessiné par le génialissime Magnus et scénarisé par Max Bunker, véritable institution dans la BD populaire italienne.

(4): Rhâââ! la meuf de Kimba en bikini léopard!

lg

Le Loup-Garou: vous noterez le respect scrupuleux des dialogues!

f

Frankie: là encore, Audiard n'a qu'à bien se tenir!

bl

Ex-comte Dracula, Bela Lugosi change de registre...

exp

La grande expérience foutraque est sur le point de commencer!

4_me

Wampir n°3, annoncé en 4ème de couv', victime innocente de la censure gaulliste

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Commentaires
P
Oui, je connais ton site, j'y suis passé en me balladant sur la toile et j'étais d'ailleurs très heureux de trouver enfin quelqu'un qui s'intéresse à ce genre de vieux grimoires. <br /> En revanche, désolé de te contredire, mais le <br /> n°1 proposait "La Maison de Frankenstein" d'Erle C.Kenton (je l'ai eu en mains dans les années 60 - j'avais la chance d'avoir des grand-parents qui tenaient un kiosque à journaux!), le n°2 est celui ci-chroniqué et que j'ai donc dans ma bibliothèque. Quant au n°3 (passé au pilon), comme le montre le 4ème de couv du n°2 reproduit ci-dessus, il s'agit de "La Révolte de Frankenstein" - adaptation de "L'Empreinte de Frankenstein" de Freddie Francis - dont je viens d'apprendre le récent décés: ayons une pensée pour lui qui fut également le chef-op' inspiré d'"Elephant Man".
E
SALUT, et bravo de parler de VAMPIR car j'ai bien connu ce merveilleux petit grimoire qui malheuresement ne connu qu'un succès éphémère. Le deuxième N° était consacré à la MAISON DE DRACULA, quand au troisièmeinterdit par cette putain de censure gaulliste était sur "LA MAISON DE FRANKENSTEIN. Si vous aimez le cinéma bis, je vous donne rendez-vous sur mon site pour les mateurs de nostalgie dans mon blog consacré aux salles de cinéma de quartier, aux vieilles revues et surtout un hommage au MIDI MINUIT. Pour les collectionneurs, je leur conseille ma revue LES MONSTRES DE LA NUIT... ALORS VENEZ NOMBREUX VOUS NE SEREZ PAS DECU A BIENTOT ERIC
P
Ce qui est le plus notable dans cette affaire, c'est que la daube d'hier devient le kitsch d'aujourd'hui, et acquiert ce faisant une plus-value esthétique.<br /> Et puis il y a l'inévitable nostalgie... Quand j'ouvre un "Zembla" (certes plus nul tu meurs!), ça marche à tous les coups: "j'ai dix ans" comme chante l'autre, des billes plein les poches, du coco plein la gueule et du merchurochrome plein les genoux, mieux que les madeleines du petit Marcel!
P
Trouver ce genre de perles demande une certaine assiduité. Y'a plusieurs solutions:<br /> - La plus avantageuse reste la brocante, ou les vide-greniers. Portant leur intérêt sur les meubles et bibelots, les brocanteurs se foutent éperdûmment des bouquins, auxquels ils ne connaissent d'ailleurs rien: c'est chez eux que tu auras une chance de découvrir des pièces à vil prix. Evidemment, tu restes tributaire d'un coup de pot, et tu prends ce que tu trouves quand tu trouves. Pour le cas particulier des vide-greniers, il est conseillé de se lever aux aurores et d'être sur place au moment du déballage aux alentours de 6h du mat, si tu veux avoir une chance de griller les requins spécialisés dans la vente de collectors qui raflent tout ce qui a un peu de valeur pour le revendre à la cote.<br /> - Il existe plein de boutiques spécialisées un peu partout, mais là les mecs savent ce qu'ils vendent et ont le BDM ou l'Overstreet sous le coude. Moralité: ça douille, et pas qu'un peu!<br /> - Tu peux aussi t'inscrire sur E-Bay: c'est fou le nombre de trucs hyper-cotés que j'ai pu m'y procurer à des prix tout à fait raisonnables.<br /> <br /> Photocopies: je peux évidemment te scanner l'objet et te le faire parvenir par mail. Je te demanderai un peu de patience toutefois, car c'est une opération de longue haleine et mon dos ne me permets pas encore de rester trop longtemps devant le PC...
C
Hé ben ... ça fait presque peur tout ça. Et pas à cause des histoires.<br /> C'est effrayant de voir ce qu'on faisait pour soutirer de l'argent à l'époque.<br /> Hmm ... ? Ah oui, ça n'a pas trop changé, c'est vrai. On continue à nous envoyer des daubes dans un but pécuniaire.<br /> Bon, finalement, ça valait mieux. C'était au moins plus fun ça. ;-)
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