X-MEN, L'AFFRONTEMENT FINAL
Sortie en salle
X-MEN, L'AFFRONTEMENT FINAL (X-Men, The Last Stand)
de Brett Ratner (2006)
Wow, j'y crois pas: une avant-première au cinéma du coin! Pas à dire, ça bouge en province! Du coup, le Patch il va griller tout le monde au poteau pour la chronique du dernier X-Men, ha! ha!
Déjà, ça va être coton de louvoyer entre les spoilers! Difficile en effet de chroniquer ce film sans vous dévoiler ce qui ne doit pas l'être... Car le X-Men troisième du nom est si riche en événements qu'on se croirait à l'aube d'une de ces restructurations irréversibles, façon "Infinite Crisis" ou "Civil Wars", qui sévissent cycliquement dans les comics. Or, comme chacun sait, on ne fait pas de restructuration sans casser du super-héros et à ce titre, je suis bien navré de vous dire que "X-Men, l'Affrontement final" laisse quelques mutants, et non des moindres, sur le carreau! Quant aux survivants, certains parmi eux verront leur avenir radicalement modifié mais chût... say no more! Ce qui nous amène à nous questionner sur le devenir de la franchise: les producteurs ont beau nous seriner qu'il s'agit de "l'ultime chapitre de la trilogie", on n'y croit pas vraiment, sans vouloir être cynique. Il y a dans ce troisième opus assez de pistes et de portes laissées ouvertes pour qu'on puisse d'ores et déjà soupçonner une imminente reprise des hostilités. De fait, l'école du Professeur Xavier compte suffisamment de jeunots appelés à prendre la relève des X-Men tombés au champ d'honneur, et je ne serais pas surpris de voir demain resurgir la franchise sous forme d'une série de spin-off. Les comics, eux, ne s'en sont pas privé: on ne compte plus les titres "X" dérivés du "Uncanny X-Men" originel ("New Mutants", "Generation X", "Alpha Flight", et j'en oublie...), et il y a fort à parier que le cinéma ne laisse pas passer une telle manne et suive le même chemin, ce qui serait une façon de poursuivre indéfiniment la saga tout en contournant l'écueil du vieillissement des acteurs. Certains signes avant-coureurs vont d'ailleurs dans ce sens, et notamment la séquence qui nous montre Wolverine et Tornade entraîner les jeunes recrues dans la fameuse "Salle des Dangers". Parmi celles-ci, Iceberg et Kitty Pryde bénéficient d'une participation plus étoffée dans le fameux "affrontement final": si le duel Iceberg / Pyro demeure assez classique, en revanche la poursuite très cartoon entre Kitty et le Fléau au travers d'une enfilade de murs - l'une les traversant et l'autre les défonçant - demeure l'un des meilleurs moments du film. Autant de scènes qui les désignent clairement comme membres d'une future équipe de mutants X dont, à mon avis, on ne tardera pas à avoir des nouvelles.
Par ailleurs, et tous les fans de comics le savent bien, les super-héros morts ne le restent jamais très longtemps et ne tardent pas à réapparaître à l'occasion de ficelles scénaristiques quelques peu éculées, mais qui continuent à faire leur preuves. Ici c'est Jean Grey, disparue à la fin de "X-Men 2", qui nous fait le coup de Lazare, sauf que l'expérience a quelque peu altéré la cervelle de la belle, ce qui permet aux scénaristes de nous donner leur version de l'épisode du "Phénix Noir", que les inconditionnels du comics n'auront pas oublié. Un malheur n'arrivant jamais seul, Warren Worthington II, père de Warren Worthington III (alias Angel), obsédé par l'idée de guérir son fils de sa mutation qu'il considère comme une pathologie, met au point un sérum capable de transformer l'"homo superior" en bête "homo sapiens". C'est plus que Magneto, qui considère la chose comme un casus belli, ne peut en supporter: il lève une véritable armée de mutants et déclare la guerre à l'humanité, ce qui va donner pas mal de grain à moudre aux X-Men, d'autant qu'il est rejoint par la désormais maléfique Jean Grey, devenue entretemps le "Phénix", et dotée d'un pouvoir quasi illimité - pour les profanes, ça s'appelle un mutant de "classe 5"!
Cette idée excellente d'une armée de mutants est l'occasion de nous introduire une foultitude de nouveaux vilains aux pouvoirs délirants, à commencer par la constitution de la nouvelle "Confrérie des Mauvais Mutants" de Magneto. Lors d'une séquence ébouriffante, celui-ci attaque un fourgon cellulaire et libère les membres de sa nouvelle cour: Madrox, capable de se démultiplier à l'infini, et le Fléau, sorte de bulldozer humain indestructible - petit rappel: dans le comics ("Uncanny X-Men" #12-13), le Fléau s'avérait être le frère caché du Professeur Xavier, option qui n'a pas été retenue dans le film - que viendront bientôt rejoindre Callisto, qui se téléporte à la vitesse de l'éclair, et le porc-épic humain Quill, sans oublier Pyro, traître à la cause des X-Men. Cette profusion de nouveaux mutants, qui enrichit le casting de film en film et a l'avantage d'assurer le renouvellement de la série en lui évitant un encroûtement routinier, constitue aussi la principale faiblesse de ce troisième opus: en effet, si la multiplication des protagonistes fonctionne à la perfection dans les comics et s'avère un atout majeur des séries télé (voir par exemple l'énorme succès de "Lost", et de toutes les séries inspirées des codes mis en place par Steven Bochco avec "Hill Street Blues"), elle devient en revanche source de frustration pour le spectateur dans le contexte d'un métrage de 1h45. De fait, nous sommes immanquablement séduits par nombre de personnages extrêmement attachants, et qui se seront au bout du compte que survolés en raison des contraintes du scénario qui exigent des choix drastiques. Cela peut même devenir gênant dans certains cas tels ceux d'Angel, élément important de la mythologie X-Men dont l'apparition était très attendue par les fans et qui se retrouve au finish scandaleusement sous-exploité, Colossus dont les scénaristes semblent décidément ne pas savoir quoi faire, ou Malicia dont la participation se résume ici à un vague sub-plot sentimentalo-mélodramatique. À l'inverse, la star de tous ces nouveaux arrivants est incontestablement le Fauve qui se taille la part du lion (ha! ha!) avec son look d'enfer, quoique sa prestation se limite pour la plupart à des scènes dialoguées. On pourra en effet déplorer que, lorsqu'il passe enfin à l'action, cela ressemble hélas à un bref coup de sifflet! De même, il faudra attendre l'"affrontement final" pour voir l'ensemble des X-Men mener enfin un combat digne de ce nom. Bref, qui trop embrasse mal étreint, et le catalogue alléchant de mutants qui nous est proposé ne tient pas toujours ses promesses, la question restant de savoir si on peut reprocher à un scénario un excès de générosité.
Fort heureusement, celui-ci est extrêmement bien construit. En dépit de la vitesse trépidante à laquelle défilent les morceaux de bravoure, on n'a jamais cette impression, qui afflige nombre de blockbusters, d'assister à une succession de clips vidéo montés les uns derrières les autres. Cela est dû principalement à un découpage des plus réussis, dans lequel les scènes s'enchaînent sans temps morts et à la manière des cases d'un comics, ce qui ravira tous les fans du genre. Pour être très rapide, le montage n'en impose pas moins un rythme à un ensemble pourtant très hétéroclite, ce qui change agréablement de l'arythmie hystérique de la majorité des superproductions actuelles. Ainsi, le fameux "affrontement final" qui aurait pu très facilement tourner au bordel généralisé, nous ramène au contraire aux crossovers géants de la grande époque de George Perez, et ce déferlement de mutants de tous poils se jetant les uns sur les autres n'est pas sans rappeler la folie de "Crisis On Infinite Earths", par exemple.
Si ce X-Men troisième du nom, sans être un chef d'oeuvre, s'avère une réussite, c'est aussi et surtout grâce à la perfection des effets spéciaux qui affrontent les challenges les plus démentiels avec brio. Le fait que ceux-ci constituent les neuf dixièmes du métrage n'est en aucun cas gênant, mais permet au contraire de faire passer sans problème l'incompétence du réalisateur Brett Ratner, déjà coupable d'un "Dragon rouge" de sinistre mémoire (dans lequel il n'y avait pas de SFX pour faire diversion!), et qui se maintient ici dans une position de retrait dont personne ne se plaindra, à voir la façon dont il foire lamentablement la réalisation de quelques bastons rapprochées, lesquelles semblent du coup issues de "Resident Evil: Apocalypse"!
En conclusion: malgré quelques défauts mineurs, "X-Men, l'affrontement final" demeure un spectacle fun, de qualité, et propre à ravir tout fan de comics. Que demander de plus?
Bandes annonce et extraits sur ce site:
http://www.commeaucinema.com/news.php3?nominfos=41696&Rub=BA
Photo de famille
Wolverine: ça va chier!
Tornade: ciel orageux sur l'ensemble du territoire!
Le Fauve: blue is beautiful!
Angel: ça plane pour lui!
Les Mystique volent bas, ces temps-ci!
Quill: un apport épique!
La technique à Pyro!