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patchworkman's blog
4 avril 2006

OPEN WATER

Vu à la télé

OPEN WATER

de Chris Kentis (2003)

a36083

Amateurs de spectaculaire, de FX tapageurs, de gore dégoulinant, de monstres pustuleux, de roller-coasters menés à 200 à l'heure, et fans de fantastique purs et durs même, passez votre chemin!

Mais alors, me direz-vous, qu'est-ce que ce film vient faire sur ton blog? Justement, je me suis longuement interrogé... Je le mets?... Je le mets pas?... Certes, j'avais une sacrée envie de le chroniquer, mais était-ce bien là une raison suffisante? Si je commence à écrire sur tout ce que je vois, je n'aurai plus le temps de rien voir! Tout cela renvoie bien sûr à une définition du genre fantastique, et si on commence à débattre sur le sujet, autant vous dire qu'on n'est pas rendu! Toutefois, une petite phrase de Stephen King, tirée de son excellent essai "Anatomie de l'Horreur", ne cessait de me hanter: "Si je me rends compte que je n'arrive pas à terrifier [le lecteur], j'essaie alors de l'horrifier; et si ça ne marche pas non plus, je suis bien décidé à le faire vomir." Cette assertion, qui établit clairement une hiérarchie dans les moyens employés par un auteur pour faire réagir son public, est devenue, dans ma petite cosmogonie personnelle, un critère d'appréciation bien commode. De fait, rien de plus facile que de faire gerber le spectateur au moyen d'un effet gore bien appuyé; quant à le faire flipper, j'entends: VRAIMENT flipper, c'est-à-dire créer un malaise au plus profond de son intimité, là c'est une autre paire de manches, et peu d'oeuvres y parviennent... Le tout-venant de la production cinématographique, Hollywood en tête, opte hélas le plus souvent pour la facilité.

Hélas, dis-je, car c'est pourtant ce que la majorité des fantasticophiles viennent chercher en tout premier lieu. Ce n'est pas un hasard si, par une métonymie révélatrice, on a longtemps confondu le genre avec l'une de ses parties en désignant le cinéma fantastique par l'appellation réductrice de "films d'épouvante". C'est précisément en ces termes qu'"Open Water" s'avère un film paradoxal et m'a de ce fait précipité dans le dilemme que j'ai décrit: il s'agit d'une oeuvre véritablement épouvantable, bien que n'ayant aucun rapport même lointain avec le fantastique.

Si je devais trouver un slogan pour promouvoir "Open Water", voilà ce qu'il serait: "Rien ne sera jamais plus terrifiant que la réalité!" Car c'est précisément ce que ce film s'acharne à démontrer avec un talent rarement égalé: le fantastique y est résolument tenu à distance par une immersion absolue dans le quotidien le plus banal. Un couple non moins ordinaire que le vôtre ou le mien se paye des vacances d'une trivialité consternante dans un de ces Clubs Med comme on en voit partout. Ils s'installent dans leur chambre, se brossent les dents, soignent leurs coups de soleil et ne font pas l'amour ce soir-là, car ils sont fatigués. Le lendemain, ils embarquent en compagnie d'une fournée de touristes standard pour une session de plongée sous-marine telle qu'en organisent toutes les stations balnéaires du monde. On leur récite les consignes de sécurité, un vacancier râle car il a oublié son masque à l'hôtel, c'est chiant mais ça arrive à tout le monde...

C'est alors que le vrai film démarre: remontant de leurs pérégrinations sous-marines, notre couple se rend compte que les gentils (mais très cons!) organisateurs les ont oubliés et plantés là en plein milieu de l'océan. Situation extraordinaire, certes, mais qui n'a rien d'irréaliste: dans le quotidien, les drames les plus improbables procèdent presque toujours de la plus triviale des conneries!

Ainsi, toute cette banalité minutieusement exposée dans les vingt minutes d'intro, au risque d'ennuyer le spectateur, n'avait d'autre fonction que d'abolir la distance entre lui et le couple mis en scène, facilitant ainsi l'identification. Certes une identification avec Superman ou Indiana Jones eût été plus gratifiante mais là, point de ficelles scénaristiques: vous ÊTES Monsieur et Madame Tout-le-Monde perdus au milieu de l'océan et, à part vous laisser flotter sur vos bouteilles d'oxygène tout en espérant un miracle que vous estimez fort improbable - toujours le principe de réalité - il ne vous reste rien à faire... La cavalerie n'arrivera pas puisque, on vous le répète depuis le début, ici vous n'êtes pas à Hollywood... Et là, en vérité je vous le dis, c'est un sentiment de peur panique qui commence à vous envahir!

Il fallait une sacré dose de talent au réalisateur pour tenir plus d'une heure de métrage avec trois personnages: un homme, une femme, et l'infinitude du vieil océan. Pari que Chris Kentis remporte haut la main en restant collé au réel, en refusant tout artifice et par le seul mérite d'une mise en scène d'une redoutable efficacité. Plus le film progresse, et plus notre malaise croît tandis que les maigres espoirs que nous partageons avec les héros de manière réellement empathique sombrent l'un après l'autre dans les profondeurs abyssales... On a l'impression pénible d'être les otages d'un réalisateur sadique qui nous torture à petites doses de petits riens, et on se surprend bientôt à suffoquer dans les méandres de ce cauchemar naturaliste, avec comme un goût d'eau salée dans la bouche...

Et encore, ce n'est là qu'une vague mise en condition. À présent que l'on a les nerfs bien à vif, voilà que débarquent LES REQUINS!!! Une fois de plus, ne vous attendez pas à des prouesses de leur part: ces requins-là ne jaillissent pas de l'eau toutes mâchoires dehors, pas plus qu'ils ne coulent les bateaux ou ne descendent en flammes les hélicoptères! Ce ne sont, voyez-vous, que des requins ORDINAIRES et, d'ailleurs, on ne les voit quasiment pas... à peine les devine-t-on déformés par la réfraction... à quelle profondeur sont-ils?... ils s'approchent... s'éloignent... vont-ils revenir?... et quand?... est-ce un squale, qui vient de me frôler la jambe?... Le moindre reflet sur l'eau est ressenti comme une menace. Comme demande l'héroïne: "Qu'est-ce qui est pire? les voir ou ne pas les voir?"

À ce stade-là, on est prêt à supplier pour que le film s'achève. C'est alors que la nuit tombe sur l'océan... et nous, on n'est pas au bout de notre calvaire! Non, "Open Water" n'est pas un film fantastique, mais c'est un film d'épouvante d'une hallucinante cruauté.

CLIQUEZ ICI POUR VOIR LA BANDE ANNONCE:

http://www.apple.com/trailers/lions_gate/open_water/tsr_large.html

bateau_2

Prologue à un cauchemar interminable....

ocean

On est pas dans la merde!

oc_an_2

Surtout ne paniquons pas...

sharks

Qui est-ce qui l'a invité, çui-là?

nuit

Horriblement beau: la nuit tombe sur le vieil océan...

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Commentaires
E
Oui, je te conseille d'aller faire un tour sur mon blog catégorie "monstres, requins, serpents" dans laquelle tu retrouveras la critique de solitaire.
P
Ouais, ce film m'a littéralement scotché.<br /> Fectivement, "Black Water" a une bonne presse, ainsi que "Rogue" d'ailleurs. On dirait que le "film de croco" revient en force...
E
Un peu ds le même genre, je te conseille aussi le très bon black water!<br /> Mais sinon, open water n'est pas une mauvaise surprise: je trouve que tu as raison d'en parler!
N
Pas mal, Juliette Coquine, pas mal, je l' ai mis en favoris dans mon bazar. Sinon pour des perles de 'tchat, il y a l' incontournable bashfr.org :<br /> <br /> http://www.bashfr.org/<br /> <br /> et pour aller directement voir leurs conneries sur chat c'est là pour les derniers ajouts :<br /> <br /> http://www.bashfr.org/?sort=latest<br /> <br /> <br /> c'est assez...."hénaurme" dans le genre :)
C
Mwahahahahaha!!!<br /> Excellent en effet! Je suis mort de rire! :-))<br /> Finalement, il y a des gens bien sur les chat-rooms. ;-)
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