ET POUR QUELQUES MOLLARDS DE PLUS... (Mars)
Fin de mois
ET POUR QUELQUES MOLLARDS DE PLUS...
(ou: "Les chroniques auxquelles vous croyiez pouvoir échapper!")
Vu à la télé
LE RÈGNE DU FEU
(Reign of Fire)
de Rob Bowman (2001)
Vous connaissez tous la recette de la salade russe. Ben là c'est pareil: on récupère les rogatons de tout ce qui a été surexploité par plusieurs décades de blockbusters sans âme made in Hollywood, on mixe le tout et on obtient "Le Règne du Feu". Se croisent ainsi, sur fond de ruines et de futur apocalyptique: véhicules customisés à la "Mad Max", troufions ramboïdes surtesticulés et dragons exterminateurs du genre humain. Dans l'idée des scénaristes flemmards, mélanger une ambiance futuriste à un bestiaire issu du merveilleux médiéval était censé suffire à donner l'illusion de la nouveauté. Cela explique sans doute un script se résumant à un catalogue des clichés les plus éculés du cinéma de genre, et enfilant une théorie d'événements annoncés au mégaphone. À l'actif du film, on retiendra le soin apporté aux décors et des FX vraiment à la hauteur, ainsi que ces ambiances feutrées et bleutées qui ont fait tout le charme de "X-Files", Bowman étant l'un des principaux réalisateurs de la série. Pour le reste, qu'on subit en bâillant, c'est sitôt vu sitôt oublié. Du cinéma Kleenex, pour ainsi dire. Vous verrez qu'à force de tourner en rond, Hollywood finira par nous inventer la roue!
DVD
TERROR TRACT
de Lance W. Dreesen
& Clint Hutchinson (2000)
La bonne affaire du mois est chez Géant Casino, où l'on trouve pour la ridicule somme de 1,45 € le déjà classique "Projet Blair Witch" couplé à ce "Terror Tract", qui renoue avec la grande tradition du film à sketches façon Amicus. Dans un quartier résidentiel à la "Desesperate Housewives", un agent immobilier fait visiter plusieurs bâtisses cossues à un jeune couple cherchant la maison de ses rêves à prix fracassé. Mais dans chaque demeure visitée s'est déroulé un drame atroce que, très mystérieusement, l'agent immobilier ne peut s'empêcher de relater par le menu à ses clients, lesquels, horrifiés, s'enfuient à toutes jambes. Aux trois visites correspondent donc trois sketches, successivement: une histoire classique de triangle amoureux qui dégénère en tuerie, celle d'une famille adoptant un macaque diabolique qui ne tarde pas à foutre un bronx sanglant dans la maisonnée, et enfin les souffrances d'un jeune infortuné connecté à l'esprit d'un serial killer, tout cela débouchant sur un final assez délirant par son climax paroxystique. Ce script, qui aurait pu donner lieu à une petite série B sympa, est malheureusement gâché par une réalisation sans relief ni inspiration qui atteint tout juste le niveau d'un téléfilm sur M6. Inaptes à asseoir la moindre ambiance ou à imprimer le moindre rythme à leur métrage, les deux j'en foutre commis à la mise en scène échouent à provoquer autre chose qu'un ennui profond. Dommage...
Vu à la télé
THE CARD PLAYER
(Il Cartaio)
de Dario Argento (2004)
S'il existe une chose pénible entre toute, c'est bien de voir un réalisateur que l'on a adulé et qui a côtoyé les plus hauts sommets du cinéma fantastique s'abîmer dans des productions indignes du plus infâme des tâcherons. Je vous jure, c'est comme de voir un amis très cher sombrer dans la poudre ou l'alcoolisme... Las! que reste-t-il du style baroque, halluciné et visionnaire de l'esthète génial qui nous tétanisa avec "Suspiria" et "Inferno"? Difficile de croire, à la vision de ce "Card Player" à peu près aussi passionnant qu'un épisode de "L'Inspecteur Derrick", que l'on a affaire à l'auteur des "Frissons de l'Angoisse", sommet du giallo pervers où l'on pouvait compter quasiment une idée par plan! Jusqu'ici, on avait subi "Le Syndrôme de Stendhal" et "Le Sang des Innocents" avec un intérêt feint et poli, dicté par le respect que l'on conservait malgré tout à Argento en souvenir de ses chefs-d'oeuvre d'antan, mais là... c'en est trop! En fait de "Card Player", je vous avoue tout net que je préfère de loin une partie de "Spider solitaire" sur mon PC! Enfin, on nous annonce presque trente ans après - et pour la Nième fois - qu'Argento devrait s'atteler incessamment au dernier volet de sa trilogie dite "des Trois Mères" en donnant une suite à "Suspiria" et "Inferno"... Et, comme des imbéciles, on se surprend encore à espérer que le grand Dario va enfin relever la tête, s'arracher de sa déchéance comme un super-héros de comics dans un élan de superbe rédemption, et nous offrir une oeuvre flamboyante comme un tableau de Jérôme Bosch!
Vu à la télé
RESIDENT EVIL: APOCALYPSE
d'Alexander Witt (2004)
Prière de laisser son cerveau au vestiaire, il vous servirait autant que des charentaises à un cul-de-jatte! Ici c'est bourrinage à tous les étages, grosses pétoires et personnages clichés dont la palme revient incontestablement, parmi un casting de sous-Rambo et de Lara Croft du pauvre, à l'inévitable blackos-moulin-à-paroles qui nous gratifie d'une performance entre Eddie Murphy et Jar-Jar Binks - pénible! Argument: un couillon a encore laissé la porte ouverte et les zombies ci-devant confinés en profitent pour envahir Raccoon City et mordre quelques culs. "Resident Evil" premier du nom était un film "de couloirs"; sa séquelle "Apocalypse" élargit ses horizons à toute une ville pour accéder au statut de film "de ruelles", soit: un film "de couloirs plus larges"! Sinon, c'est du pareil au même: sempiternel cahier des charges retranscrit de Romero (anthropophagie, contagion, balles dans le citron, cétéra...) et sempiternelle surenchère à coups de pseudo innovations, à savoir: des clébards zombies, un superzombie armé d'un superbazooka et une superhéroïne superboostée qui bondit comme Hulk, marche au plafond comme Spiderman, exécute des sauts périlleux vrillés comme dans "Matrix" en défouiraillant comme chez John Woo et en lattant les tronches comme chez Tsui Hark... C'est ce qui s'appelle ratisser large! Là où ça coince, c'est que le yes-man de service, contrairement à ses illustres modèles, s'avère inapte à shooter une baston ou un gun-fight proprement. En désespoir de cause, il secoue sa caméra comme un prunier en espérant qu'il finira par en tomber un film! Quant au spectateur, il fait de son mieux pour parvenir à capter qui a cogné qui ou qui a flingué quoi dans cette bouillie pour les chats... Fatiguant!
CINQ ENFANTS ET MOI
(Five Children And It)
de John Stephenson (2004)
C'est la guerre. Gross malheur! Papa part au front et Maman se rend utile à l'arrière. Les cinq moutards sont confiés aux bons soins d'Onc' Albert (Kenneth Brannagh, qui s'amuse comme un petit fou!), lequel habite un manoir gothique avec sa gouvernante Martha et son fils l'infâme Horace. La découverte d'un passage secret, menant à une plage mystérieuse où vit un "génie des sables" très meugnon et capable d'exaucer les voeux les plus fous, va précipiter le quintette dans moult aventures magiques. On peut certes reprocher au film un opportunisme certain surfant sur tous les classiques de la culture naine: une mesure de Harry Potter, une mesure de Famille Adams, un dose de Peter Pan, et même un trait de "Jurassic Park" pour corser. Toutefois, le cocktail se laisse déguster et descend sans difficulté. Si on vous a cloqué votre petit neveu pour le week-end, vous pourrez toujours l'asseoir devant ce film pendant que vous entreprendrez votre copine dans la chambre. Si vous n'avez pas de copine, vous pouvez prendre place sur le canapé et vous offrir un bain de jouvence: vous ne vous ennuierez pas.
Vu à la télé
L'ATTAQUE DE LA MOUSSAKA GÉANTE
(The Attack Of The Giant Moussaka)
de Panos H. Koutras (1999)
Oui, oui, vous avez bien lu! Ça c'est le genre de titre qui met en joie l'amateur de Z: rien qu'à l'énoncer, on se lèche déjà les babines à la perspective du grand moment de bonheur pervers qu'on va connaître! "L'Attaque de la Moussaka géante" innove au moins sur deux points: premièrement c'est le seul film (si l'on excepte "L'Attaque des Tomates tueuses" de John DeBello - 1978 - et ses deux séquelles "Le Retour des Tomates tueuses" - 1988, avec... George Clooney! - et "The Killer Tomatoes eat France" - 1992) à proposer dans le rôle du monstre une denrée alimentaire, et deuxièmement ce n'est pas tous les jours qu'on nous donne à voir un échantillon du cinéma fantastique grec: rien que pour cette production, la patrie d'Homère aura conquis haut la main une place d'honneur dans la Communauté Européenne! Toutefois, évitons immédiatement un malentendu: bien qu'il en emprunte les formes avec brio, "L'Attaque de la Moussaka géante" est moins une série Z qu'une parodie de série Z particulièrement réussie. Ainsi, l'esprit qui anime le film est à rapprocher des réalisations de John Waters, ou encore des productions loufoques de la fameuse firme Troma: il n'est pour s'en convaincre que de voir de kitchissimes bimbos extraterrestres irradier une malheureuse portion de moussaka depuis une soucoupe que n'aurait pas désavouée Ed Wood! C'est donc en se gondolant d'abondance que l'on suivra les exactions de ce gigantesque gratin déboulant tel Godzilla dans les rues d'Athènes pour inverser la prédation alimentaire! Grand merci à Arte pour nous avoir diffusé cet OVNI incunable, à classer d'ores et déjà dans le top ten des bizarreries du Septième Art.
Le monde des dragons: d'après vous, y'a risque de grippe aviaire?
Et les mordagnes de macaque vicelard, ça craint?
Argento filme son PC: passionnant!
"Resident Evil": super-zombie, super-nana, super-copter et... super-navet!
L'est-y pas meuuugnon, le génie des sables?
Les bimbos E.T. de la "Moussaka": cliquez sur l'image, et elle danseront pour vous!