DANGEREUSE ALLIANCE
Vu à la télé DANGEREUSE ALLIANCE
d' Andrew Fleming (1996)
Ah, que voilà un cas intéressant! "Dangereuse Alliance" appartient à ce sous-sous-genre que j'appelle "intrigue de cour de récré". Le style en a été mis en place (ou du moins remis au goût du jour) dans les nineties par Kevin Williamson, scénariste surfait du non moins surfait "Scream" de Wes Craven et qui, suite au succès de cette boursouflure, fut pour un temps la coqueluche de tout ce que la terre compte de consommateurs de Clearasil. Le carton fut d'ailleurs tel que nous ne tardâmes pas à bouffer du Williamson à toutes les sauces, l'homme remettant à la mode le "slasher", c'est-à-dire le film de tueur psychopathe mou du genou, du genre qui ne fait peur qu'à votre petite soeur et encore... Nous furent donc assénés successivement deux nouveaux "Scream", suivis de maints "Souviens-toi l'É té dernier", puis le tâcheron s'insinua derrière une caméra pour devenir réalisateur de quelques navets planétaires, et créa même sa propre série télé avec le dégoulinant "Dawson".
Ceux qui connaissent le susnommé Dawson savent déjà ce que je veux dire par "intrigue de cour de récré". Vous prenez un campus américain ou une quelconque école, vous la peuplez de djeunz bas de plafond et vous leur lâchez un équarisseur psychopathe aux basques. Le genre est hyper codifié: les mecs ne pensent qu'à trousser les gonzesses, à fumer des oinjs et à sortir des vannes lourdasses, et les meufs à devenir capitaine de l'équipe de pom-pom-girls pour se farcir celui de l'équipe de foot, ou encore à ce qu'elle vont se mettre pour le bal de la promo. En gros ça donne: "Beverley est raide amoureuse de Matthew mais celui-ci sort avec Kimberley, c'est bien triste" ou encore "Ce salaud de Billy Joe trompe Mary Sue avec cette pétasse de Jo-Beth, elle ferait mieux de sortir avec Kyle qui est un garçon si gentil, tu aimes ma nouvelle couleur?" Heureusement, Dawson est là pour tout arranger.
Voilà planté le décor de "Dangereuse Alliance". Le scénar, lui, tient en une phrase: quatre gourdasses tripatouillent la sorcellerie mais elles invoquent des forces qui les dépassent et sont bien punies à la fin. Il n'est que de considérer ce qu'elles font de leurs pouvoirs nouvellement acquis pour avoir une idée de leur QI et du ridicule de l'entreprise: celle-ci fait tomber par vengeance les cheveux d'une autre poupée Barbie, celle-là change à volonté sa teinture et la couleur de ses yeux, cette autre rend un garçon à qui elle en veut éperdument épris d'elle pour mieux le repousser, et enfin cette dernière prend l'apparence de la précédente afin de se farcir l'amoureux transi qui l'a autrefois snobée. Mais que fait Dawson? Bref, rien que l'on n'ait déjà subi dans un épisode de "Bouffie contre les Vampires" ou avec les trois pouffes de "Charmed". Soit: de l'intrigue de cour de récré!
Remarquez, lorsque la méchante de l'histoire, une gothique à piercings, se retrouve possédée par un démon de mes couilles et sort enfin de la guimauve pour passer aux choses sérieuses, c'est encore pire! En effet, son pouvoir démoniaque le plus redoutable, outre celui qui consiste à faire passer les feux au vert, se traduit principalement par une débauche de grimaces au cours de laquelle elle se touche le nez avec la langue, remue les oreilles et emprunte le dentier de Béatrice Dalle. L'effet ne se fait pas attendre: on tombe foudroyé de rire!
La méchante: une gothique pleine de gros tics!
Tremblez, pauvres mortels, devant mes pouvoirs redoutables!
Moi aussi, j'aurais aimé pouvoir l'éviter!
Barbie scalpée: le nouveau must des jouets Mattel!
Aïe! Les culs-bénis vont encore crier au blasphème!